Exportations à fin octobre 2025: contrastes entre secteurs porteurs et déficit énergétique

À fin octobre 2025, les exportations tunisiennes enregistrent une progression limitée de +1,1% par rapport à l’année précédente. Cette hausse repose essentiellement sur deux filières stratégiques : les mines, phosphates et dérivés, en croissance de +9,4%, portés par une demande internationale soutenue en engrais et produits chimiques, ainsi que les industries mécaniques et électriques, en hausse de +7,7%, grâce à la vigueur des commandes européennes en câblages et composants automobiles. En revanche, le secteur énergétique affiche une chute sévère de -29,2%, avec des ventes de produits raffinés divisées par deux, ce qui accentue le déficit commercial global. Ce contraste illustre la résilience de certaines branches exportatrices mais souligne aussi la fragilité structurelle de l’économie tunisienne face à sa dépendance énergétique.

Exportations tunisiennes à fin octobre 2025

Introduction

À fin octobre 2025, les exportations tunisiennes affichent une légère hausse de +1,1% par rapport à 2024, une progression modeste mais significative dans un contexte de tensions macroéconomiques et de déficit commercial élevé. Cette reprise tient avant tout à la résilience de quelques filières structurantes, capables de générer des devises et d’amortir le recul de l’énergie. Elle illustre une dynamique sectorielle contrastée plutôt qu’un mouvement généralisé, avec des performances tirées par la demande extérieure et des chaînes de valeur bien insérées dans les marchés européens et méditerranéens.

Mines, phosphates et dérivés

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Le complexe « mines, phosphates et dérivés » s’impose comme principal moteur, avec une croissance de +9,4%. La reprise des capacités d’extraction et la normalisation logistique ont soutenu les volumes, tandis que la demande internationale d’engrais et d’acide phosphorique demeure solide, portée par les besoins agricoles et les réajustements de stocks sur plusieurs marchés. La montée en gamme, via une meilleure valorisation des produits dérivés plutôt que du phosphate brut, a également amélioré le mix exportateur. Cette filière, intensivement capitalistique, reste sensible aux cycles de prix et aux arrêts techniques, mais son apport en devises est crucial.

Industries mécaniques et électriques

Les industries mécaniques et électriques progressent de +7,7%, confirmant leur rôle de pilier de diversification. Les exportations de câblages, composants automobiles et équipements électriques bénéficient d’une demande soutenue en Europe, de la relocalisation partielle de chaînes de production et d’accords de sous-traitance qui valorisent le savoir-faire tunisien en coûts, qualité et délais. L’intégration dans des clusters spécialisés, l’amélioration des standards (qualité, traçabilité) et la stabilité des carnets de commandes ont permis d’amortir les fluctuations de la demande finale, notamment dans l’automobile et l’électrotechnique.

Énergie

À l’inverse, l’énergie reste le principal point de fragilité, avec une chute de -29,2% des exportations et un repli marqué des ventes de produits raffinés (790,5 MTND contre 1 646 MTND en 2024). La contraction des volumes, combinée à des arbitrages de prix défavorables et à des contraintes de production, accroît mécaniquement le déficit commercial et réduit l’effet de levier des secteurs en croissance. Cette contreperformance limite la capacité de la balance des biens à se rééquilibrer et souligne la vulnérabilité énergétique structurelle.

Conclusion et priorités

Au total, la hausse des exportations portée par les phosphates et les industries mécaniques/électriques compense partiellement le trou d’air énergétique, mais ne suffit pas à inverser la tendance du solde commercial. Pour consolider cette reprise, les priorités sont claires : sécuriser les capacités et la chaîne logistique du complexe phosphates-dérivés, soutenir la montée en gamme industrielle (normes, R&D, intégration), et accélérer une stratégie énergétique qui réduit la dépendance aux produits raffinés tout en développant des segments d’exportation à plus forte valeur ajoutée. Dans ce cadre, la profondeur des commandes, la stabilité réglementaire et l’investissement productif seront les déterminants de la trajectoire exportatrice à moyen terme.

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