À fin août 2025, le financement bancaire de l’État tunisien a enregistré une hausse annuelle de 37,5 %, marquant sa plus forte progression depuis quinze ans.
Selon les dernières statistiques publiées par la Banque Centrale de Tunisie (BCT), les prêts accordés au secteur public ont connu une accélération spectaculaire, traduisant une dépendance croissante du Trésor public vis-à-vis du système bancaire national. Cette évolution s’inscrit dans un contexte de ralentissement du crédit au secteur privé et d’afflux soutenu de dépôts bancaires.
La part du crédit à l’État dans les bilans bancaires tunisiens est passée à 17,9 % du total des actifs en août 2025, contre 14,3 % un an plus tôt et 12,3 % en août 2021. Cette transformation structurelle reflète une réorientation des ressources bancaires vers le financement des besoins budgétaires, dans un environnement marqué par des tensions sur les ressources extérieures et une croissance économique modérée.
Selon une note de Fitch Ratings, les banques tunisiennes disposent de liquidités suffisantes pour répondre aux besoins du gouvernement, notamment grâce à une hausse des dépôts (+6 % en glissement annuel) et à une faible demande de crédit privé (+1,5 %). L’agence prévoit que les créances bancaires sur l’État continueront d’augmenter en 2025, en parallèle à une mobilisation attendue de 4,8 milliards de dinars de financement extérieur.
Cette dynamique soulève toutefois des interrogations sur la soutenabilité du modèle de financement public, dans la mesure où elle pourrait limiter la capacité des banques à soutenir l’investissement privé et accentuer les risques liés à la concentration des actifs.

